dimanche 5 décembre 2010

Interview exclusive des gardes du corps de JFK

        Aujourd'hui, je vous propose une interview paru dans le célèbre magazine français "Paris Match".
          Les deux hommes interviewés se nomment Gerald Blaine, et Clint Hill. Il furent les garde du corps du Président John F.Kennedy, lors de son assassinat, le 22 novembre 1963. Seul ce dernier fut présent à Dallas le jour du meurtre (c'est le personnage que l'on aperçois allongé sur le coffre pour aider Jacky Kennedy). Agés tous les deux de 78 ans, ils se confient. Voici leur interview
Paris Match. Gerald Blaine, comment vous êtes-vous retrouvé garde du corps du président Kennedy ? 
Gerald Blaine. Quand JFK a été élu, le 8 novembre 1960, je servais depuis sept mois dans l’équipe de protection rapprochée de Dwight “Ike” Eisenhower. Un jour, Jim ­Rowley, le directeur des services secrets, me convoque : “Le président est content de vos états de service, me dit-il. Je veux que vous continuiez avec Kennedy. Vous partez dans l’heure le rejoindre à Palm Beach, en Floride, où il va bientôt arriver pour un week-end en famille.
Gerald Blaine
Vous étiez heureux ? 

G.B. Ravi. Depuis mon retour de la guerre de Corée, j’avais soif de reconnaissance et d’aventures. On m’avait parlé de ce White House Detail, le service de protection rapprochée du président des Etats-Unis, chapeauté par les services secrets. J’ai tenté ma chance. Il y avait quelques places pour 40 000 candidats... Entrer au service de John F. Kennedy qui venait d’être élu, c’était pour moi un honneur suprême.

En quoi consistait votre job ? 

G.B. Il s’agissait de protéger la vie du président et de sa famille, quoi qu’il arrive. Quitte à sacrifier la nôtre. Ce n’était écrit nulle part, personne ne nous avait fait signer quoi que ce soit, mais c’était implicite. Nous y étions tous préparés. Le job était mal payé – 1,80 dollar de l’heure – et harassant – soixante heures par semaine –, mais nous n’étions pas là pour l’argent.
Et vous, Clint, comment vous êtes-vous retrouvé au service de Jackie Kennedy ? 

Clint Hill. Je crois que mes chefs pensaient que ça ­collerait entre elle et moi. Au début, j’étais furieux, j’y ai même vu une sanction. Moi qui avais travaillé dans les services de contre-espionnage, puis sillonné le monde entier avec le président Eisenhower, je me voyais mal inaugurer des salles de bal et des « tea parties » avec la First Lady !

« JFK ÉTAIT FACILE À DÉCRYPTER : QUAND IL AVAIT QUELQUE CHOSE EN TÊTE, ÇA SE VOYAIT »

Clint Hill protégeant Jacky Kennedy
Comment s’est déroulée votre première rencontre ? 

C.H. J’ai été la voir chez elle à Georgetown. Le courant est passé. J’étais moi-même papa de deux fils à peu près du même âge que Caroline et John-John. Elle m’a demandé de les amener à la Maison-Blanche pour qu’ils jouent ensemble. J’ai dû déployer des trésors de diplomatie pour la convaincre que ce n’était pas une bonne idée. Au moindre problème, j’aurais été affecté ailleurs, et je n’avais aucune envie de la quitter.

Une complicité était née... 

C.H. Oui. Mrs Kennedy fumait en cachette avec moi. Un jour, sur le chemin de leur maison de campagne de Middleburg en Virginie, elle a donné l’ordre au chauffeur de s’arrêter, puis : “Mr Hill, puis-je avoir une cigarette ?” Après m’être installé sur la banquette arrière, je lui en ai allumé une, et nous avons bavardé quelques minutes...

Gerald, vous souvenez-vous de votre première rencontre avec John F. Kennedy ? 

G.B. Oui, c’était sur le tarmac de l’aéroport de Palm Beach, où le “Caroline”, son avion personnel, venait d’atterrir en provenance de Hyannis Port. Il en est sorti bronzé, tout sourire et rayonnant de beauté. Un comité d’accueil ­enthousiaste l’attendait, assez féminin. Il s’est précipité vers la foule. J’ai dû insister pour qu’il monte dans la Lincoln.
Comment était l’homme John F. Kennedy ? 

G.B. Délicieux. Quand il est arrivé à Palm Beach, il nous a dit, avec son inimitable accent de Boston : “Bon, je crois qu’on va passer un bon bout de temps ensemble. Tout le monde connaît mon nom, il va falloir que je connaisse le ­vôtre.” Au début, nous étions désorientés. Il nous appelait le “service du silence” car nous étions habitués à nous taire. Au bout de quelques semaines, il connaissait nos prénoms, ceux de nos épouses et enfants, et se trompait rarement. Nous étions comme tout le monde : sous le charme.
Pendant la crise de Cuba, avez-vous senti le président Kennedy soucieux ? 

G.B. Il était sérieux, très concentré. JFK était facile à décrypter : quand il avait quelque chose en tête, ça se voyait sur son visage et je faisais comme si je disparaissais. J’étais avec lui lors de son allocution télévisée où il a révélé la menace ­nucléaire. Une fois les micros éteints, il s’est rendu dans la “Situation Room”, le centre de crise situé au sous-sol. Là, il a jeté un œil sur une photo montrant l’avancée de la flotte soviétique en direction de Cuba. Puis nous avons pris ensemble l’ascenseur vers le bureau Ovale. “Jerry, on est un peu dans le pétrin, m’a-t-il confié. Si quelque chose arrive, vous devez venir avec moi. Comment allez-vous faire avec votre famille ?” Je me suis contenté de lui répondre que ça faisait partie du job.
Et Jackie ? 

C.H. Un jour, j’ai dû lui expliquer les procédures en cas d’attaque nucléaire. Elle devait se rendre avec ses enfants dans un bunker. “Si ça doit arriver, Caroline, John-John et moi ­attendrons sagement sur la pelouse que ça se passe”, m’a-t-elle répondu sur un ton qui ne souffrait aucune contestation...
Vous entraîniez-vous au maniement des armes ? 

G.B. Oui, mais ces séances étaient rares, car nous n’avions pas le temps et n’étions pas assez nombreux.
Quels étaient vos moyens technologiques ? 

G.B. A l’époque, nous n’avions rien. La seule consigne, c’était d’entourer, à cinq ou sept au maximum, le président lors des bains de foule. Pour communiquer, nous utilisions nos mains. Nos lunettes noires nous servaient à repérer les éléments dangereux sans que ceux-ci s’en aperçoivent. Mais nous ne pouvions rien faire contre les snipers.

JFK était-il un président facile à protéger ? 

G.B. Non ! Contrairement à Eisenhower, qui se déplaçait toujours en voiture couverte, Kennedy recherchait la proximité avec les gens. Il aimait parader en décapotable, sauf s’il pleuvait ou si le vent risquait de décoiffer Jackie. Un vrai cauchemar de body guard.


LE MATIN DU DRAME, JACKIE KENNEDY, ETAILLEUR CHANEL ROSE, ÉTAIT D’EXCELLENTE HUMEUR


La préparation du voyage présidentiel à Dallas, ville hostile, a dû vous donner des sueurs froides... 

G.B. Nous n’avions reçu aucune menace spécifique, mais savions que l’endroit était risqué. A quelques jours de l’arrivée du président, le chef de la police locale avait dû restreindre le droit de manifester, et publier un communiqué très inhabituel dans ­lequel il demandait aux gens de se tenir à carreau.
Le président était-il inquiet ? 

G.B. Non. Pour lui, ce voyage était important pour sa ­réélection en 1964, c’est pour cette raison qu’il a demandé à Mrs Kennedy de venir, elle qui détestait ces bains de foule. Je me souviens de son départ en hélicoptère sur la pelouse de la ­Maison-Blanche, la veille dans la matinée. John-John, qui avait presque 3 ans, voulait partir avec lui. “Non, tu ne peux pas, je ­reviendrai pour ton anniversaire dans trois jours”, lui a répondu sereinement le président en le confiant à l’agent Bob Foster.
Avez-vous ressenti de la violence sur place ? 

C.H. Non, à son arrivée à l’aéroport de San Antonio, sa première halte au Texas, le couple était ovationné, ce qui nous a surpris. Il était aux anges. Elle, moins, mais personne ne s’en est rendu compte. Les réunions s’enchaînaient à une cadence infernale pour nous, mais le voyage était une réussite.
Comment s’est passée la dernière nuit du président ? 

C.H. Il est arrivé à minuit et demi au Texas Hotel, à Fort Worth, un vieil établissement défraîchi, le meilleur de la ville. Quatre mille supporteurs l’attendaient sous la pluie. Il a serré des mains pendant une demi-heure, suivi de Mrs Kennedy qui n’en pouvait plus, puis s’est éclipsé dans sa chambre. Je l’entends encore nous dire : “Bonne nuit, à demain !”

Et sa dernière matinée ? 

C.H. Elle a commencé à 9 heures à l’hôtel, avec les ­représentants de la chambre de commerce. Comme la First Lady ne venait pas, il m’a demandé d’aller la chercher. “Mrs Kennedy, êtes-vous prête ? Le président vous attend en bas”, lui ai-je dit à travers la porte de sa suite. “J’arrive”, m’a-t-elle répondu, d’excellente humeur. Elle est descendue en élégant tailleur Chanel rose, le président s’est présenté comme “l’homme qui accompagne Jackie”. Le numéro de charme a parfaitement fonctionné, comme d’habitude.

Quelques minutes avant le drame
« EN 1990, J’AI DÉCIDÉ D’AFFRONTER CE SOUVENIR QUE JE RESSASSAIS DEPUIS VINGT-SEPT ANS »

Comment fut l’accueil à Dallas ? 

C.H. Encore plus enthousiaste. On a même failli écraser un jeune qui s’était précipité au milieu de la route. Moi, j’étais posté debout sur le rebord de la voiture suiveuse, côté gauche. ­Parfois je devais descendre et courir pour m’interposer entre la limousine présidentielle et les gens qui s’approchaient un peu trop. Nous roulions à 20 km/h environ. En arrivant sur la Dealey Plaza, la foule était très dense. La limousine a ralenti pour un dernier virage à angle droit, sur la gauche. Nous étions face au Texas School Book Depository, l’immeuble de sept étages servant d’entrepôt de livres scolaires où se trouvait le tireur...
Et vous entendez le premier coup de feu, à 12 h 30... 

C.H. Oui. Croyant à un feu d’artifice, j’ai tourné la tête en haut à droite, puis vu le président se tenir la gorge. Je me suis précipité vers la limousine présidentielle.
Quand avez-vous réalisé que le président était mort ? 

C.H. Quand j’ai vu sa tête exploser. Il y a eu un deuxième coup de feu que je n’ai même pas entendu. Mrs Kennedy ­hurlait. Par réflexe, elle essayait de ramasser sur le coffre de la limousine les fragments qu’elle avait vu s’échapper du crâne de son mari. J’ai fait un signe à la voiture suiveuse, le pouce en bas. Quand nous sommes arrivés au Parkland Hospital, la voiture était pleine de sang. Mrs Kennedy ne voulait pas qu’on extraie le corps de son mari, de peur qu’on le voie dans un état imprésentable. J’ai déposé la veste de mon costume sur le torse et la tête du président.
Dans quel état Jackie se trouvait-elle ? 

C.H. Elle était couverte de sang, sous le choc, mais d’une grande dignité. Un instant, elle a cru que son mari, qui respirait encore, était vivant. Mais le docteur du président lui a annoncé qu’il n’y avait rien à faire. Mrs Kennedy, qui serrait dans sa main un morceau de cervelle, s’est alors mise à pleurer doucement. Il était 13 heures. Bobby Kennedy, le frère du président, a appelé. C’est moi qui l’ai pris au téléphone et j’ai dû trouver une formule pour lui faire comprendre qu’il n’y avait plus d’espoir.
Et vous, comment étiez-vous ? 

C.H. J’avais le sentiment d’avoir failli à ma mission, celle de protéger le président, mais je me répétais “Stay on task” (concentre-toi sur ta tâche). Il a fallu trouver un prêtre pour administrer au président les derniers sacrements, faire venir un cercueil en urgence, et organiser le rapatriement du corps à Washington D.C. par Air Force One...
Malgré la quarantaine de garde du corps...
Comment s’est passé le retour en avion ? 

C.H. Un peu après 14 h 30, tout le monde était dans Air Force One. Lyndon B. Johnson, la First Lady, le cadavre du ­président. Mrs Kennedy s’est isolée dans la cabine présidentielle pour se nettoyer le visage. Elle m’a demandé : “Mr Hill, que va-t-il vous arriver, maintenant ?” J’ai senti les larmes me monter aux yeux. “Tout ira bien pour moi”, ai-je balbutié les lèvres tremblantes. Un conseiller est entré. “Le vice-­président vous attend pour prêter serment.” Ce fut chose faite à 14 h 38 exactement. Dix minutes plus tard, l’avion quittait l’aéroport Love Field de Dallas, Mrs Kennedy est restée tout le trajet assise à côté du ­cercueil, muette, refusant le sédatif que lui proposait son docteur. Elle n’a ni mangé ni bu, à l’exception de quelques gorgées de café. Les gens étaient prostrés, épuisés, murés dans le silence. Quand je suis rentré chez moi, à 6 h 30 du matin, j’étais terrassé. Avec Mrs Kennedy j’avais dû assister à l’autopsie toute la nuit, voir le corps nu du président à titre de témoin.
Etes-vous retourné à Dallas depuis ce jour ? 

C.H. Oui, une fois, en 1990. J’ai décidé d’affronter ce souvenir lancinant. Depuis vingt-sept ans je ressassais la même question : “Et si j’avais réagi une demi-seconde plus tôt ?” Quand je suis arrivé devant le Texas School Book Depository, rien n’avait changé sauf les arbres qui avaient poussé, et l’immeuble avait été transformé en musée consacré à l’assassinat du président. J’avais l’estomac noué. Au 6e étage, je me suis ­approché de la fenêtre d’angle d’où Lee Harvey Oswald a tiré. Et là, j’ai compris. Le tueur avait toutes les cartes en main. Il n’avait qu’à bien viser. Marchant vers la sortie, j’ai commencé à me sentir libéré de la culpabilité qui m’avait fait sombrer dans l’alcool. Mais j’ai pris un pseudo pour signer le livre d’or du ­musée. Je ne voulais pas qu’on sache que j’étais revenu sur les lieux du crime.


Interview Olivier O’MAHONY Point final
Clint Hill servit par la suite les Président Johnson, Ford et Nixon.Il eut des problèmes de dépression et d'alcool après le crime. Il prit sa retraite à 43 ans (retraite forcée).
Pour Gerald Blaine, il quitta les service secret l'année un an près la mort de Kennedy (incompatibilité avec le président Johnson). Il travailla chez IBM jusqu'à sa retraite en 2004. Il sortit un livre sur l'assassinat de JFK, où il décrit les détails du drame, avec ses anciens camarades. Il ni la théorie du complot, autour de l'affaire. Pour lui, seul Lee Harvey Oswald est coupable.

1 commentaire:

  1. :o ... Pauvre Jackie ,

    les gardes du corps ont dû etre sous le choc...

    j'espere que l'assassin a pourri en prison comme un Chien !!! :@

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